Rentrée littéraire 2024 : les premiers coups de coeur du Chameau

rentrée littéraire 2024


Pas moins de 459 romans en cette Rentrée littéraire 2024, publiés entre mi-août et début octobre. Humainement impossible de tout lire. Le Chameau sauvage vous propose donc une petite sélection des romans qui, en littérature francophone ou étrangère, l’ont happé et chamboulé. Ci-dessous un premier aperçu. D’autres suivront !

Le tumulte et l’oubli, Timothée DEMEILLERS, Editions Asphalte
Une claque immense que ce roman dense et envoûtant. Plus qu’une simple fresque historique et familiale, c’est le récit puissant d’un siècle, de ses absurdités, de ses fulgurances, de ses tourments et de ses contradictions. Dans une langue vibrante, Timothée Demeillers retrace des destins humains qui se heurtent à la Grande Histoire dans cette petite ville des Sudètes. Ces femmes et ces hommes qui combattent, se cachent, tombent amoureux, se perdent, se cherchent, rêvent d’un avenir meilleur, se fracassent sur les marches de la désillusion. Mais qui, toujours, s’engagent. Et à quel prix. Magnifique.

Cabane, Abel QUENTIN, Editions de l’Observatoire
Son précédent roman, Le Voyant d’Etampes, nous avait enthousiasmé et nous avions eu la joie d’accueillir son auteur à la librairie. Nous étions donc particulièrement impatients de découvrir son nouvel opus. S’inspirant du rapport Meadows qui tenta dès les années 70 d’alerter le monde sur les risques du changement climatique et de la croissance outrancière, Cabane nous a à la fois passionné et stupéfait. On y retrouve avec grand plaisir le talent du romancier dans la peinture d’individus doués dans leur art mais pathétiquement décalés par rapport à la société. L’écriture est constamment savoureuse, la construction épatante, pour un sujet aussi nécessaire que révoltant.

La Reine du labyrinthe, Camille PASCAL, éditions Robert Laffont
Un formidable roman historique sur une affaire qu’on ne connaissait que de loin, celle du collier de la reine Marie-Antoinette. On a été conquis par la rigueur que s’est imposée la romancière dans sa volonté de croiser, voire d’épuiser les sources disponibles, et d’assurer l’authenticité des faits comme des dialogues. Que ce soit la reconstitution de l’époque et des modes de vie, ou la folle machination qui se met en place sous nos yeux, le récit est passionnant. La lecture est haletante, prenant les atours d’un véritable polar, le tout porté par une écriture exquise qui sent bon le siècle des lumières. Un seul regret : on aurait aimé que l’histoire se prolonge encore un peu, tant on a apprécié l’impression de partager de très près le quotidien des personnages.

La Petite soeur, Mariana ENRIQUEZ, Editions du sous-sol
Notre part de nuit fut et demeure un gros choc de lecture. Le sujet abordé ici ne se situe pas dans le même champ littéraire, mais permet de rentrer dans l’intimité, pleine d’anomalies et d’étrangetés, de l’écrivaine argentine Silvina Ocampo, et de replonger dans l’écriture singulière de Mariana Enriquez. Un mariage réussi : à la fois récit d’une vie très romanesque d’une personnalité qui demeure insaisissable et d’un couple hors normes, portrait du milieu littéraire argentin et essai critique, ce livre fonctionne comme un tout autonome, passionnant, d’autant plus que l’autrice y fait souvent preuve d’un sens de l’humour inattendu et délicieux. Un régal !